Textes : Marilène Meckler - Photos et réalisation : René-G. Meckler - Tous droits  réservés

Voyage en poésie : Amérique

Amérique

Yellowstone

Sur la douleur, posée, est comme un talisman.
La forêt dégrafait ses fourrures d’ébène,
Pour un appel des dieux trouant l’éternité.
Fumerolles, geysers, en leur transe lointaine,
Éveillaient les esprits du volcan redouté.
Des eaux saphir, turquoise habillèrent de brume
La peau si chaude et nue, offerte au jour vermeil,
Des sources l’invitant sur leur couche d’écume.
Les roches ont volé ses couleurs au soleil !
Tel un acte de chair, la prière sans âge
Mariait l’âme indienne au lieu surnaturel,
Révélateur d’un rêve à la bouche sauvage
Qu’on nomme Yellowstone, abîme intemporel.
La mémoire vacille au rythme de la danse ;
L’aigle et l’ours imités par le corps du chasseur,
Sous l’immense parure agitée en cadence :
Volent plumes et poils, cailloux porte-bonheur !
Homme déraciné, chaque instant, j’imagine
Le chant de mes aïeuls autour du feu tribal,
Les troupeaux de bisons broutant dès l’origine,
Quelques lambeaux d’aurore au timbre de cristal.
Marilène Meckler (Septembre 2014)Yellowstone
Dans les yeux d’un passé vivant grâce aux légendes,
Court le tambour sacré d’un ancêtre chaman,
Et l’aile de sa main généreuse en offrandes,
Sur la douleur, posée, est comme un talisman.
La forêt dégrafait ses fourrures d’ébène,
Pour un appel des dieux trouant l’éternité.
Fumerolles, geysers, en leur transe lointaine,
Éveillaient les esprits du volcan redouté.
Des eaux saphir, turquoise habillèrent de brume
La peau si chaude et nue, offerte au jour vermeil,
Des sources l’invitant sur leur couche d’écume.
Les roches ont volé ses couleurs au soleil !
Tel un acte de chair, la prière sans âge
Mariait l’âme indienne au lieu surnaturel,
Révélateur d’un rêve à la bouche sauvage
Qu’on nomme Yellowstone, abîme intemporel.
La mémoire vacille au rythme de la danse ;
L’aigle et l’ours imités par le corps du chasseur,
Sous l’immense parure agitée en cadence :
Volent plumes et poils, cailloux porte-bonheur !
Homme déraciné, chaque instant, j’imagine
Le chant de mes aïeuls autour du feu tribal,
Les troupeaux de bisons broutant dès l’origine,
Quelques lambeaux d’aurore au timbre de cristal.
Marilène Meckler (Septembre 2014)

 

Dans les yeux d’un passé vivant grâce aux légendes,

Court le tambour sacré d’un ancêtre chaman,

Et l’aile de sa main généreuse en offrandes,

Sur la douleur, posée, est comme un talisman.

 

La forêt dégrafait ses fourrures d’ébène,

Pour un appel des dieux trouant l’éternité.

Fumerolles, geysers, en leur transe lointaine,

Éveillaient les esprits du volcan redouté.

 

Des eaux saphir, turquoise habillèrent de brume

La peau si chaude et nue, offerte au jour vermeil,

Des sources l’invitant sur leur couche d’écume.

Les roches ont volé ses couleurs au soleil !

 

Tel un acte de chair, la prière sans âge

Mariait l’âme indienne au lieu surnaturel,

Révélateur d’un rêve à la bouche sauvage

Qu’on nomme Yellowstone, abîme intemporel.

 

La mémoire vacille au rythme de la danse ;

L’aigle et l’ours imités par le corps du chasseur,

Sous l’immense parure agitée en cadence :

Volent plumes et poils, cailloux porte-bonheur !

 

Homme déraciné, chaque instant, j’imagine

Le chant de mes aïeuls autour du feu tribal,

Le troupeau de bisons broutant, dès l’origine,

Quelques lambeaux d’aurore au timbre de cristal.

 

                                                                                          Marilène Meckler

                        Tiré de mon recueil "Ces lumineux voiliers de l'âme"

Au pays Navajo

 

Au pays Navajo, quand tu t’endormiras,

Sous les plumes du cercle attrapeur de beaux rêves,

Un géant de grès rouge, aux bras comme des glaives,

Défendra le sommeil où tu te berceras.

 

Là, je te rejoindrai, moi l’oiseau de passage,

Ivre de plaisirs vains et de vols sans retour.

Mon aile de turquoise aura caché le jour

Dont les esprits mauvais noircissent le message.

 

Sur les sables brûlants, les dieux ont dessiné

Ton visage sauvé des légendes perdues

Pour dévier mon regard des rives défendues

Et me rendre aussi pur qu’un tendre nouveau-né.

 

Mes baisers rougiront ton front de blanc satin ;

Reviendra l’harmonie aux voix de sources fraîches,

D’un geste affectueux, baigner tes longues mèches

Que les braises du vent frôlaient chaque matin.

 

La danse du chamane, au milieu de la nuit,

Pourra voir l’horizon s’allonger sur ta couche

Puis tremper ses couleurs au souffle de ta bouche :

L’infini ravivé nous unira, sans bruit.

                       

                                                                                            Marilène Meckler

                             Tiré de mon recueil "Derrière l'éventail de plumes"

New York

 

Cité de nos futurs émergeant du silence,

Comme un envol d’oiseaux sur l’aube de nos fronts,

Au jour miraculeux, ton âme se balance,

Le long de la rivière aux brillants ailerons.

 

Dans un bourdonnement qui ne cesse la nuit

Par l’océan câlin recouverte de voiles,

Tes falaises de verre où chaque moment luit,

Affectueusement, retiennent les étoiles.

 

Coule un peuple vaillant de toutes les couleurs,

En tes veines d’espoir, en ton regard de flamme.

Après la tragédie, apaisant les douleurs,

Géante aux mains d’acier, tu livres ton sésame :

 

Un vent de liberté pour précéder ton pas,

Sur tes flèches d’azur, un luxe d’énergie,

Entre tes gratte-ciels, un refus du trépas,

Cela déclenche, en nous, l’éternelle magie.

 

Ne crains pas, ô New York, l’oubli de ton passé,

Dans ta course au progrès d’amazone des nombres,

Car le temps sauvera d’un sommeil commencé

Ton cœur de brique rouge endormi par les ombres.

 

Dans mon rêve pour toi, de retour au bercail,

Je me demande encor où va ce taxi jaune,

Peut-être à Central Park, la pelouse en chandail,

Cet automne étalant des dorures d’icône.

                                                                         

                                                                                         Marilène Meckler

                      Tiré de mon recueil "Dans le secret de mes silences"

Chicago

 

Lorsque je suis tombée amoureuse de toi, 

Les gratte-ciels gobaient la pulpe flamboyante

Des étés indiens dont le sceptre de roi

Dessinait des jardins sur ta robe seyante.

 

Sur le char bleu des vents, debout, tu m’accueillis,

Tes mille bras de verre élancés vers les nues

Qui berçaient notre soir de leur frais gazouillis,

Et ton discours m’ouvrit des pages inconnues :

 

Celle du peuple fier des Potawatomis

Dont l’âme chante encor sur le lac ou ses rives,

L’épopée exaltant ces pères et ses fils

Ayant quitté l’Europe avec leurs forces vives.

 

Ville spectaculaire où mon regard est d’eau,

Tu jetais ton corsage au fil de la rivière.

Quand la nuit fut venue, en fermant le rideau,

Pour moi, tu dénouais tes cheveux de lumière.

 

J’admire tes chefs d’œuvre offerts au firmament,

Tes hommes courageux, à la fois durs et tendres,

Bâtisseurs de génie ayant trouvé comment

Te faire au cours des temps renaître de tes cendres.

 

Sculpturale beauté me troublant chaque fois,

Jalousée en secret des divines lanternes,

Un orchestre de jazz invente, pour ta voix,

L’ode à l’architecture ainsi qu’aux arts modernes.

 

                                                                                          Marilène Meckler

                        Tiré de mon recueil "Dans le secret de mes silences"

Mississippi

(J'étais un esclave)

 

Lorsque mon chant d’esclave appelle ton brouillard

Qui suspendra l’ouvrage en repos bénéfique,

Dans la force de l’âge, ayant l’air d’un vieillard,

Sur les champs de coton, mon sang devient musique.

 

Prendre pour ciel de lit, si la lune m’attend,

Le chêne centenaire époussetant ses franges,

Fera croire à mon rêve au regard trop distant

Qu’il est des jours meilleurs, sur les ailes des anges.

 

Pour les indiens Natchez, alors Père des Eaux,

Tu mûrissais les fruits sur la berge escarpée,

Dans le balancement de tes forêts d’oiseaux.

Aujourd’hui, serre-moi dans tes bras d’épopée !

 

Souffleras-tu demain ce vent de liberté

Qui donnera la joie à mes enfants sans rire

Et les jeux éblouis d’un tout premier été

Que chacun d’entre nous, depuis longtemps, désire ?

 

Tes méandres suivront le vol des cormorans,

Mes yeux s’embraseront au creux d’un nid de rides,

Par le secret espoir d’échapper aux tyrans,

À travers les bayous* et leurs cyprès humides.

                                                          

                                                                                               Marilène Meckler

                             Tiré de mon recueil "Dans le secret de mes silences"

 

*Bayous : ruisseaux et marécages qu’alimente le Mississippi, en Louisiane.                                                                                                            

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BESbs

Quatrain du Delta

 

En route vers le sud, le vent fera gémir

Le delta, ce berceau des notes légendaires.

C’est l’unique trésor d’un peuple au long soupir,

Chantre de la douleur qu’il sublime en prières.

 

Au fil du souvenir de noms étincelants,

Quand le blues a rythmé notre pouls nostalgique,

Le chemin s’est posé dans les pas chancelants

D’une ville fantôme* où survit la musique.

 

Pour l’immense voyage aux confins de la nuit,

L’âme de B. B. King a quitté sa guitare.

Il reste, dans nos yeux, cette larme qui luit

Comme un rêve éternel dont le soleil se pare.

 

                                                                    Marilène Meckler

 

* Il s’agit de Clarksdale, ville dans le Mississipi qui est

considérée  comme une des villes clés  du "Delta blues"

L’église de San Juan Chamula

                              (Mexique) 

 

Ils viennent, en famille, allumer, par milliers,

Les espoirs d’un meilleur et les feux des bougies,

Quittant les hauts plateaux, sous les bougainvilliers,

La prière serrée, entre leurs mains rougies.

 

L’église à l’âme indienne ouvre, tout grand, sa croix,

Comme une mère aimante, aux rites du chamane ;

Chaque offrande païenne endort les désarrois

Et les pires douleurs desquels la plainte émane.

 

Leurs yeux buveurs d’eau noire aux volcans assoupis

Ne quittent plus les saints du règne catholique,

Revêtus de couleurs, sur l’étrange tapis

Du panthéon maya prenant l’air angélique.

 

Lorsque l’alcool devin, sur la flamme, soufflé,

Dans les embrasements, lit de cléments augures,

Des poules et des œufs, sur l’autel étoilé,

Garnissent le panier des puissances obscures.

 

Les branches de sapin dont ils couvrent le sol

Invitent la forêt, dans leur blanc sanctuaire :

Esprits des bois secrets qui rêvent d’un envol

Pour les rives d’azur d’un sauvage estuaire.

 

Ensemble, ils rejoindront la terre des aïeux,

Rassurés pour demain, le cœur en bandoulière.

Sur leur nuque, posé, l’astre* victorieux

A réduit, à jamais, les lunes, en poussière.

 

                                                                                            Marilène Meckler

                          Tiré de mon recueil "Dans le secret de mes silences"

 

* L’astre est le soleil. Les mayas effectuaient des sacrifices humains,

pour lui donner la force de vaincre la nuit.

Antigua

(Guatemala)

  

Au pays des couleurs qui chantent les histoires,

Sans répit, protégeant des foudres du volcan,

Les trésors d’un empire ébloui de victoires,

Tu caches ton secret sous l’aile du toucan.

 

Tous les bougainvilliers jalousent, dès l’aurore,

Ta palette de peintre, amoureux du soleil.

La nuit n’ose venir car ton pinceau picore

Ocres et vermillons, même dans son sommeil.

 

Pour tes jardins secrets, pour tes blanches églises,

Ton âme a les soupirs des infantes, jadis,

Quand l’orgue triomphant lançait des vocalises,

Près du retable d’or incrusté de lapis.

 

Ton charme suranné, dans le soir, nous envoûte.

De tes cendres, toujours, tu renais, fièrement,

Voluptueuse, calme et réfractaire au doute.

Tes fontaines en pleurs trouvent l’apaisement.

 

À chacun de tes pas, s’ouvrent les orchidées.

Ta plume de poète est celle du quetzal,

Cet oiseau qui se meurt sous des lunes ridées,

Lorsqu’on le met en cage, instant de noir cristal !

 

Admirant ce héros né sous la forêt vierge

Qui transporte, en son bec, la lumière du jour,

Tu gardes le passé dans un berceau de serge

Où s’allument  les yeux du véritable amour.

      

                                                                                       Marilène Meckler

                     Tiré de mon recueil "Dans le secret de mes silences"

Péruvien

 

Je viens de ce pays qu’étire l’océan    

Sous le fin paréo de l’équateur mythique.

Une dernière offrande à ma terre d’antan

Permit de célébrer mon départ en musique.

 

J’ai quitté mes amis, éleveurs d’alpagas,

Fils de l’Altiplano sous l’étoile prônée,

Pour aller habiter les nouvelles sagas

D’un sol européen signant ma destinée.

 

La palette des dieux brillant comme un été

Par le regard ému de la neige éternelle,

Se mirait en mes yeux buveurs de vérité

Que livrait aux Anciens la Nature charnelle.

 

De la barque amarrée aux îles de roseaux,

J’ai contemplé mon lac, tendre époux de la lune ;

C’est la dernière fois que je touchais ses eaux,

Croyant me protéger de la moindre infortune.

 

Contrée où les forêts sauvèrent, des pilleurs,

Les antiques cités, pendant que les vallées,

Grâce au condor sacré, rêvaient de jours meilleurs,

Je t’emporte avec moi sur mes tempes hâlées.

 

Prêtresse encor vouée au culte du soleil,

La mémoire du sang parlera dans mes veines,

Citant des mots incas ciselés de vermeil

Et d’or trouvés au fond des tombes péruviennes.

 

Alors, loin de mon toit, j’ouvrirai grand les mains

Pour fleurir votre église aux âmes disparues,

Et je ne survivrai de nombreux lendemains

Qu’en jouant de la flûte, au détour de vos rues.

 

                                                                                        Marilène Meckler

                        Tiré de mon recueil "Derrière l'éventail de plumes"                         

Iguaçu ( Message  de la nature)  

 

J’ai donné mes forêts aux peuples de toujours

Et mes galops d’argent dessus les précipices,

Ont ébloui leurs yeux, tout au long du parcours

Qui frissonne d’embruns, des cieux jusqu’aux abysses.

   

Mes brumes, mes soleils s’échappent du berceau,

Par une matinée où commence le monde

Et rejoignent le vol puissant comme un vaisseau

Des toucans lumineux, loin au-dessus de l’onde.

  

Mes longs cheveux tressés d’arcs-en- ciel caressants

Protègent avec soin les étoiles tombées

Des grands paradis verts aux secrets oppressants.

Y jouent les coatis, avec les scarabées.

 

Ruissellent, sous mes pieds, brillant de mille feux,

Ces gemmes qui venaient des trésors d’émeraude.

La jungle, dans mes bras, peut me confier ses vœux

Alors, enveloppés de son haleine chaude.

 

Les voyageurs venus des innombrables lieux

Respirent, aujourd’hui mes notes brésiliennes.

Jadis, dansaient, sans fin, mes tribus et les dieux,

Au rythme furieux de mes eaux diluviennes.

 

                                                                                                Marilène Meckler

 

Samba

  

Toi, princesse au grand cœur des favelas grimpantes,

Deviens, en février, l’âme du carnaval ;

Dans un rythme envoûtant, tes pieds nus, sur les pentes,

Ensorcellent les yeux du monde tropical.

  

Avant le tourbillon des couleurs et des plumes,

Le grand christ rédempteur te serre dans ses bras.

Guanabara, la baie a caché sous les brumes,

Ses divins camaïeux et les vols des aras.

  

J’aime ta peau brillante au goût de mangue mûre.

Tous les cariocas rêvent de t’enlacer,

Quand ton jupon d’écume, en cachette, murmure,

Au vent d’Ipanema1, des secrets à bercer.

 

Quand tu feras danser les pauvres et les riches,

Petite fiancée au bras du grand Rio,

Tijuaca2 vêtira ses feuillages fétiches,

Pour honorer ta joie, alors, avec brio.

   

Surdos3 et chocalhos se parlent en cadence ;

Roucoulent les cuicas, tintent les agogos.

L’océan fait la fête et la ville s’élance,

Si haut qu’elle pourrait embrasser le cosmos.

 

                                                                                             Marilène Meckler

 

 Ipanema1 : une des plages de Rio de Janeiro

Tijuaca2 : la forêt urbaine de Rio de Janeiro

Surdos : chocalhos, cuicas, agogos : instruments de musique de la samba

 

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